La porte
nous est ouverte, nous entrons. Le Président arrive d’un pas rapide, salue
chacun et s’excuse « je suis en retard ».
Laurent
organise les présentations et explique que nous allons commencer par le dossier
Notre Dame., dans lequel dit-il : « nous n’avons pas compris
que lors de la COP 21, vous n’ayez pas donné une application concrète française
en arrêtant ce projet de Notre Dame des Landes. »
S Le Foll
dit que l’on ne peut pas arrêter tous les projets en cours à cause de
l’environnement.
F Hollande
dit que c’est un dossier qui est évoqué où que l’on aille. S Le Foll confirme
qu’à chaque déplacement en Sarthe, c’est un sujet incontournable.
Le Président
reprend : « les Elus m’expliquent que c’est un dossier essentiel pour
l’ouest, qui répond à un vrai besoin. Je constate qu’il y a une forte
opposition, un vrai blocage. Je ne pense pas qu’ils vous disent, quand ils sont
réélus, qu’ils ont raison sur ce dossier. »
« Si, M
le président, cela arrive ! »
Il
poursuit : « Je veux résoudre ce blocage pendant mon mandat.
C’est pourquoi, j’ai demandé aux élus d’organiser une consultation qui aurait
lieu au printemps ou dans l’été de façon à pouvoir commencer les travaux, comme
l’a dit M Valls, en octobre. Si le résultat de la consultation est négatif pour
le projet, je m’engage en tant que chef de l’Etat à l’arrêter. Si le résultat
est positif, alors en octobre, nous démarrons les travaux.
J’ai la
parole : « M le Président, nous vous avions contacté pendant la
campagne électorale. Nous avions été reçus par Le Maire de Strasbourg, pour
vous expliquer que ce sujet de Notre Dame n’était pas un petit dossier
régional, mais qu’il prendrait une ampleur nationale et compliquerait votre
mandat. Nous y voilà ! Nous avons vécu une période de relative
sérénité ; vous aviez donné votre parole qu’il n’y aurait pas de début de
travaux tant que les recours ne seraient pas traités. Cette parole a été remise
en cause par le premier ministre en 2015. Bon ! Mais elle a été plus
fortement remise en cause par les procès pour expulsion des historiques. Ils
sont, pour les moins pénalisés, expulsables au 26 mars de cette année. Pour les
exploitants, ils sont avec leurs troupeaux déjà expulsables aujourd’hui. Cette
situation a généré de nombreuses mobilisations un peu partout en France et qui
se poursuivent.
Nous
demandons l’assurance, au plus haut niveau de l’Etat, qu’il n’y ait ni
expulsion ni début de travaux avant le traitement des recours.
En réponse,
nous avons la parole publique de Mme la ministre de l’Ecologie qui va
effectivement dans le sens de la sérénité. L’engagement de son ministère à
faire une étude sur le fond du dossier nous semble aussi aller dans le bon sens
et pouvoir conduire à un apaisement.
De la même
façon, l’accord pour les régionales entre le PS et EELV sur une étude
indépendante co-pilotée par les pour et contre, nous semblait une bonne
démarche.
Hier soir,
nous avons appris votre intention de faire organiser un referendum par les
élus. Je ne suis pas porte-parole du mouvement, mais je peux vous donner
l’impression générale .Nous avons été sidérés. Comment voulez-vous que nous
ayons confiance ? Ce sont ces mêmes élus qui nous mentent depuis 15 ans
sur ce dossier. Des choses passionnantes se sont faites avec ces élus, en
agriculture par exemple, mais sur ce dossier…
Mr Grosvalet
l’a expliqué récemment, Nantes a besoin de libérer 600 ha constructibles, c’est
respectable, mais ce n’est pas une question d’aéronautique. On nous parle de saturation de Nantes
Atlantique, mais c’est faux. L’aéroport de Nantes se porte très bien. Les
compagnies aériennes ont donné leur avis dans ce débat. De façon diplomatique
car elles ne font pas de politique, ce n’est pas leur domaine. Elles ont donné
pour 2011-2012 le prix du meilleur aéroport régional à Nantes Atlantiques.
Voilà l’avis des clients, ils sont parfaitement satisfaits.
Au-delà de
la confiance dans les organisateurs, le referendum pose la question du périmètre.
La question posée est essentielle. Il faut être certain que tout le monde vote
le fond du dossier. La pétition organisée par M Retailleau ne va pas dans ce
sens et sème déjà la confusion. Quelle liberté de parole, d’organisation ?
Enfin, le
travail du ministère de l’écologie va-t-il se poursuivre ? Et nous avons
toujours besoin d’être assurés par rapport aux expulsions et travaux, je crois
comprendre qu’il n’y en aura pas avant la consultation. »
F
Hollande : « mais en octobre, nous commençons les travaux. J’ai donné
la direction pour sortir de cette situation. J’en confie la réalisation aux
élus. Il faudra que la consultation soit acceptée. Il ne s’agit pas d’une
nouvelle opération pour gagner du temps, je veux que le verdict soit respecté.
Si l’avis est favorable au projet et que des gens restent sur place, que se
passera-t-il ? En octobre, nous commencerons les défrichements !
Quant à
l’accord pour les régionales, ils ont perdu. Cet accord est donc caduc.
Pour la
consultation, nous avons le temps. Ce peut être avant ou après l’été, en juin
ou en septembre.
Le ministère
de l’écologie va continuer son travail, cela devrait être terminé en mars ou
avril. Ses conclusions pourront être amenées au débat. Il se peut aussi
qu’elles ne vous soient pas favorables.
Les recours
se poursuivront aussi. Voilà pour ce sujet »
Son
conseiller agriculture me regarde et je lui fais signe que c’est d’accord.
Je ne veux
pas empiéter sur les autres sujets de la délégation.
Un peu plus
tard F Hollande me regarde et dit « le périmètre sera le département, M
Valls vient de m’en informer ».
Nous
quittons le bureau présidentiel au bout d’une heure.
Conférence
de presse à la sortie sous le crachin et dans le froid.
Je fais un
résumé et à la question « que ferez-vous si le résultat vous est
défavorable ? Partirez-vous ? », je réponds : « Je
ne peux pas vous répondre, je ne sais pas si le déroulement sera satisfaisant.
D’autre part, je n’ai pas eu le temps de me concerter avec l’autre moitié de ma
cellule familiale. Je peux d’autant moins vous répondre. Par contre, nous nous
sommes posé ce type de question par rapport à une étude indépendante reconnue
par les deux parties (pro et anti aéroport) et nous agriculteurs, nous nous
sommes dits que nous partirions si cette étude indépendante nous était
défavorable.
Ces
dialogues sont reconstitués sans enregistrement, aussi fidèlement que possible.
Je n’en garantis donc pas les mots exacts, mais l’esprit.
de Marcel, paysan à Notre Dame