samedi 31 décembre 2016

Noël tranquille!


La vie à la ferme continue avec un peu plus de sérénité depuis la manif d’octobre et  le départ de Manuel Valls du gouvernement. Nous sommes désormais sûrs de passer un Noël tranquille.

Nous profitons de ces jours calmes pour remédier à une crise du logement chez nos veaux. Beaucoup de femelles cette année. Du coup, nos bâtiments sont remplis alors qu’ils nous restent quelques veaux à mettre en case collective. Nous avons donc fait 2 cabanes à veaux sous le hangar à paille : 2 bigs de paille pour servir de mur, une barrière en bois et voilà nos veaux installés juste la veille de Noël.

déplacement de veau vers un logement plus confortable

Et voilà une belle cabane 4 étoiles!
 
Marcel m’a offert 2 jours de vacances afin que je rende visite à ma famille. Un petit tour en région parisienne et le plaisir de retrouver Notre Dame des landes et sa campagne.

Noël et son atmosphère si particulière. J’aimerai juste que l’esprit de partage, la bienveillance témoignée envers les autres ne soient pas réservés à cette courte période de fêtes mais soient présentes tout au long de l’année.

Pour finir l’année, la nature nous émerveille… Regardez comme la campagne est belle à Notre dame des Landes !

mardi 15 novembre 2016

L’exception NOTRE DAME DES LANDES


Après l’espoir soulevé par la soutenance du rapporteur public qui demandait l’annulation d’arrêtés autorisant les travaux, le délibéré de la Cour Administrative d’Appel de Nantes  est tombé comme un couperet : toutes les requêtes sont rejetées ; l’état peut déroger à la loi sur l’eau pour cause d’intérêt public majeur!

Notre Dame des Landes constitue l’exception à tout ce qui est habituellement observé : ainsi, les médias ont, tout au long de la semaine, insisté sur le fait que dans 98% des cas, les juges suivent l’avis du rapporteur public. Sauf bien sûr pour Notre Dame des Landes…  Il s’agit donc  là d’une décision purement politique. Le lobby politico économique a bien travaillé.

L’intérêt public majeur autorise l’état à être hors la loi concernant la loi sur l’eau. La France, qui aspire à l’excellence environnementale, institue ainsi une zone de non droit environnemental de 1650 ha, pardonnez du peu, s’autorisant à bétonner des zones humides situées en tête de 2 bassins versants importants.  Or, en  Loire Atlantique, la qualité de l’eau se dégrade et son évolution devient alarmante.

Le raisonnement  des juges dans leur décision doit sûrement reposer sur  les évidences suivantes:  il est bien connu que peu de gens boivent de l’eau. Donc préserver sa qualité en respectant  la loi sur l’eau n’est pas d’intérêt public majeur. Par contre, tout le monde prend l’avion. Donc « améliorer l’aménagement du territoire, développer les liaisons aériennes nationales et internationales » (propos des juges) en construisant un nouvel équipement qui sera bien sûr de Haute Qualité Environnementale  est d’intérêt public majeur !

Alors que nos dirigeants insistent sur la nécessaire compétitivité que nous devons avoir, il faut juste relever que  là où d’autres aéroports accueillent 11 millions de passagers par an sur une seule piste, l’aéroport de Nantes est, lui, saturé à 4 millions de passagers d’où la nécessité d’avoir  2 pistes à Notre Dame des Landes pour peut-être en 2050 9 millions de passagers.

Voir ainsi bafoué le droit de l’environnement me révolte. L’attitude de l’état me scandalise.

Face à cette injustice, je considère que nous avons toute légitimité à rester pour préserver le bocage et les terres de Notre Dame des landes avec toutes les personnes qui veulent bien nous accompagner.

dimanche 13 novembre 2016

La justice toute puissante (7 novembre)


Dans la première partie de son mémoire présenté le 7 novembre, Mme la rapporteur malmène les opposants. Ils doivent payer des sommes non négligeables à AGO.

L’ensemble des requêtes est rejeté. De plus, avec des arguments comme : « le programme de restauration des voies est indépendant du projet d’aéroport » et « le préfet gère l’autorité environnementale indépendamment de sa responsabilité de pilote du projet d’aéroport », elle nous montre comment elle peut nier toute évidence et combien nos espoirs peuvent être vains si elle le décide.

A la fin, de cette partie, nous avions fortement le sentiment que l’on peut perdre toujours et toujours.

Il est vrai que dans un pays où le conseil d’Etat décide que les lignes THT qui transportent l’électricité ne sont pas liées aux centrales nucléaires où elles prennent cette électricité, tout est possible…

Accessoirement, cela devrait lui permettre de ne pas être accusée de militantisme anti-aéroport.

En fait, elle a écarté toutes les requêtes de forme et de détails  pour se concentrer sur l’essentiel dans la deuxième partie de l'audience : on est certain de dégrader la qualité de l'eau, on ne doit pas dégrader et il est techniquement possible de faire autrement.

C’est audacieux, la justice est aussi au-dessus de grands de ce monde. Les juges pourraient être sensibles à cela s’ils avaient une revanche à prendre…

Son argumentation est très détaillée et très technique. Elle ne s’appuie que sur des données officielles (DGAC, ACNUSA, ministère), même si elle fait comprendre que la DGAC est partisane dans cette affaire.

La réponse est oui ou non, mais les porteurs de projet ne peuvent pas réécrire un arrêté pour s’en sortir.

On verra la sentence lundi. Il est drôle de constater que nos militants sont très prudents alors que le grand public et les journalistes pensent que le projet est déjà coulé.

Je craignais cette étape en me disant « quelle tête aurons-nous si nous sommes encore rejetés ? ». Maintenant, même si les juges n’annulent pas les arrêtés comme le demande la rapporteur, nous resterons debout.

Par Marcel, paysan à Notre Dame.

 

Voulons-nous un bel aéroport et pas d’eau potable ? (7 novembre deuxième partie)


Préambule : si vous trouvez ce texte long, sachez que ce fut un après-midi très long pour nous aussi.

Aucun signe de pause, alors on continue.

Mme la rapporteur lit cette fois son travail concernant les arrêtés loi sur l’eau. Dans un premier temps, elle explique le déroulement.

 La commission d’enquête loi sur l’eau a donné un avis favorable, mais avec deux réserves : une validation scientifique de la méthode de compensation et la présentation d’un cadre pour la mise en œuvre de ces compensations par les agriculteurs.

Un collège d’experts scientifiques a bien été désigné.

Un accord a bien été signé entre l’Etat, AGO et la Chambre d’Agriculture pour la mise en œuvre des mesures de compensations.

Dans la suite des conclusions de la commission de dialogue, la DGAC a fait un rapport sur la faisabilité et le coût du maintien de Nantes Atlantique.

Le CODERST (Conseil départemental de l’environnement) a donné un avis favorable au dossier eau.

Le tribunal administratif de Nantes, en juillet 2015, a rejeté par 4 jugements les demandes des opposants, mais dans le cinquième a complété le dossier en réduisant à 25 m2 la place de parking.

Elle rappelle qu’il s’agit de traiter un dossier concernant 1255 ha de zone humide en tête de bassin versant et on sait que les têtes de bassin versant jouent un rôle important sur la qualité des milieux aquatiques.

Elle traite ensuite successivement les requêtes.

En termes de documents tout est en ordre.

Les requérants critiquent la fonctionnalité des compensations établies sur une base 2010. En s’appuyant sur le rapport du collège d’experts scientifiques qui a émis de fortes réserves sur l’état des lieux, réserves reprises par le CNPN (Comité National de Protection de la Nature).

En réponse, Mme explique que le collège d’experts souligne des défauts de calendrier, mais reconnait les efforts réalisés et il ne met pas en avant de trous dans ce calendrier. Le SAGE (Schéma d’aménagement et de Gestion de l’Eau) a donné son accord. De plus, la commission d’enquête Loi sur l’eau a jugé satisfaisant l’état initial. Bien qu’il y ait une liste d’agriculteurs engagés à ne pas mettre en œuvre de compensations pour le projet, Il ne faut pas retenir cette requête.

Ne pas retenir non plus, la requête concernant l’insuffisance du suivi, car, s’il y a insuffisance, le protocole garantit que ce sera corrigé.

Les requérants critiquent l’étude d’impact spécifique hydraulique. C’est inopérant.

Les requérants dénoncent l’irrégularité de l’enquête publique loi sur l’eau car les mesures compensatoires y ont été modifiées, entrainant une baisse des surfaces et une baisse de l’enveloppe par rapport à la DUP initiale. Le projet n’a pas été modifié substantiellement, le public a donc été mal informé.

Pour Mme le rapporteur, ce dossier ne demande pas à être soumis à l’autorité environnementale (pour informer le public), il faut donc écarter ce moyen (c’est-à-dire cet argument).

Question suivante : les requérants dénoncent la dégradation de la qualité de l’eau qu’entrainerait le projet alors qu’il y a obligation de maintenir la qualité des masses d’eau.

Mme le rapporteur cite la loi française qui exige une gestion équilibrée et durable de l’eau et précisément de prendre toutes les mesures pour éviter une détérioration de la qualité de l’eau. On ne peut y déroger que si tout a été fait pour éviter cette incidence négative et que si l’ouvrage présente un intérêt majeur pour la santé et la sécurité.

Dans le SDAGE (Schéma départemental d’Aménagement et de Gestion de l’eau) pour les années 2016 à 2021, aucun projet d’intérêt majeur n’a été retenu.

Elle continue. La directive européenne, article 4, dit que les Etats doivent prendre les mesures pour maintenir la qualité de l’eau. On ne peut y déroger que s’il y a un intérêt majeur en jeu et que si les moyens sont mis en œuvre pour restaurer la qualité. Les Etats doivent refuser tout projet particulier qui entraine une dégradation de l’état des masses d’eau de surface. Il y a dégradation dès qu’un élément se dégrade.

Les requérants disent que la température de l’eau va augmenter. L’ONF dit que l’étiage va augmenter, or, il n’y a pas de correctif. Je ne sais pas si j’ai tout compris.

Quel est l’impact du dégivrage ? Des produits de type glycol seraient utilisés. Cela représente 7500 l par an. Il est prévu que 75% soit traité et évacué, mais il en restera 25% dans l’environnement. Cela aura un impact sur le taux d’oxygène de l’eau. Or, ce point n’est pas étudié.

La salinité sera impactée par le déverglaçage. AGO a l’autorisation d’utiliser jusqu’à 1 T de produit par jour alors que l’estimation se situe entre 13.5 et 27 T par jour. Les conséquences n’ont pas été examinées.

La fonctionnalité bio-géo-chimique de l’eau sera dégradée.

Il y aura 530 Ha de zones humides impactées. Il faudrait restaurer à l’équivalent. Une des critiques du collège d’experts est que la destruction est immédiate alors que les compensations se feront beaucoup plus tard.

Elle cite également le SDAGE où il est précisé que les zones humides représentent une grande diversité. Elles ont régressé depuis 50 ans et cette régression se poursuit. Elles ont un rôle de dénitrification. On a besoin d’un maillage de zone humide et le préserver est un enjeu majeur. C’est pourquoi le SDAGE a décidé de supprimer toute subvention au drainage et à l’irrigation.

La plateforme va dégrader la masse d’eau : sa température, le taux d’oxygène et la salinité. Elle va donc dégrader la fonctionnalité bio géo chimique.

Elle cite toujours les éléments du débat. Dans son mémoire en défense, le ministère demande aux opposants de faire la preuve de la dégradation. Eh bien, non ! C’est aux porteurs de projet de montrer qu’il n’y a pas de dégradation !

Nous n’applaudissons pas, mais le cœur y est. Le vent tourne, mes amis, le vent tourne.

Elle poursuit avec le mémoire d’AGO. Celui-ci, argumente que compte tenu de la faible taille de l’aéroport, la masse d’eau impactée sera très faible. Le risque lié aux produits est très faible. Le produit pour le déverglaçage est bio dégradable et sera géré par des filtres à roseaux. L’impact est donc acceptable.

Mme la rapporteur rappelle qu’il faut examiner s’il y a dégradation et pour elle, cette dégradation est certaine.

Les porteurs de projet parlent de dégradation insignifiante. Elle est estimée : seulement 2% de la masse d’eau est concernée pour l’ensemble plateforme et desserte routière. Cela ne convainc pas la rapporteur qui montre que dans les textes de loi, française et européenne, il n’est pas question de seuil à partir duquel la dégradation deviendrait inquiétante

« Je crois que si nous avions un épisode de rage en France et qu’il touche 2% de la population. Personne ne considérerait cela comme insignifiant. » dit-elle pour bien se faire comprendre.

Elle poursuit : le texte de la cour européenne dit qu’il faut prévenir la dégradation, il n’y a pas de marge de manœuvre. Personne, ici, ne conteste la dégradation.

Les requérants citent la règle du SDAGE : éviter, réduire, compenser. Alors existe-t-il une alternative ?

La réponse est oui pour deux raisons : la DGAC a fait l’étude du réaménagement de Nantes Atlantique et déclare que ce n’est pas impossible et d’autre part l’étude du ministère de l’écologie (CGEDD) de mars 2016 dit aussi qu’il est possible de poursuivre l’activité de Nantes Atlantique. L’alternative existe.

Mme la rapporteur reprend longuement les hypothèses et chiffres de la DGAC pour nous faire comprendre que l’actuel aéroport peut poursuivre son activité avec des coûts plus faibles que la construction d’un nouvel aéroport si on compare des horizons de trafic comparables  et qu’il peut assurer 9 millions de passagers. N’avoir qu’une seule piste n’est pas un facteur limitant. Elle cite de nombreux aéroports à une seule piste avec un trafic bien supérieur à celui de Nantes. La présence en périphérie de ville n’est pas une exception nantaise. Sur le bruit, l’ACNUSA (Autorité de Contrôle des nuisances Aéroportuaires) demande une expertise sur le bruit, le PEB de 2004 est à réviser. En fait, il faudrait que la DGAC soit réaliste, mais c’est dit en termes diplomatiques.

Il y a donc bien une alternative avérée et qui répond aux besoins de développement du grand ouest.

Nantes Atlantique présente des inconvénients, mais ce qui est fondamental est de ne pas dégrader la ressource en eau.

Peut-on vivre sans eau ? Non ! Peut-on vivre avec un aéroport qui n’est pas idéal ? Oui !

Il est près de 17h45, Mme la rapporteur arrive à sa conclusion et demande l’annulation des deux arrêtés loi sur l’eau.

L’avocat d’AGO répond que cette présentation ne prend pas en compte la modération des dégradations par les mesures de compensation. On ne peut pas contester s’il y a une DUP. Pensez au bruit pour les Nantais et à leur santé.

A ce stade, on se regarde tous sidérés. Le résultat est magnifique, mais aussi, on est tous épuisés et l’audience n’est pas finie.

Mme la rapporteur a compris la situation et elle aussi, est fatiguée.

En concentrant son argumentaire, elle recommande l’annulation des arrêtés destruction d’espèces protégées pour le même motif : il existe une alternative puisque Nantes Atlantique est suffisant.

L’avocat d’AGO pleure à nouveau : on ne doit plus l’embêter une fois qu’on lui a accordé la DUP.

Et voilà, par cette audience, la vraie question de fond est posée ; réponse lundi prochain.

Merci aux collègues qui ont bien voulu relire.

Par Marcel, paysan à Notre Dame

vendredi 11 novembre 2016

Le préfet est-il bicéphale ? (7 novembre première partie)


L’ACIPA nous a réservé une place pour assister à l’audience de l’appel sur le dossier loi sur l’eau en ce lundi 7 novembre. Nous avons su par téléphone, puis lu comme tout le monde que la rapporteur allait demander l’annulation des arrêtés. C’est donc confiant, mais curieux que j’aborde cet après-midi. Nous retrouvons beaucoup de complices à l’entrée du tribunal d’appel et aussi beaucoup de journalistes. Ca filme et ça mitraille et d’un coup ça double en intensité, c’est Yannick Jadot qui vient d’arriver.

A l’entrée : double filtrage : « vous êtes requérant ? Ben ! Je ne sais pas… Je suis inscrit par l’ACIPA ! » Je montre ma carte d’identité périmée et je peux entrer. Ambiance feutrée dans la salle, fort petite comme toujours, avec des sièges qui viennent de chez IKEA, rayon petit prix.

A 14h00 précises, l’audience commence. La rapporteur et les juges entrent. Oups ! Une seule femme et six hommes parmi les juges. Les deux plus jeunes ont au moins cinquante ans et les autres ont largement dépassé l’âge de la retraite. Seront-ils des hommes à oser bloquer une mécanique bien en route ?

Le président nous explique que l’audience se déroule en trois temps : le litige sur la DUP, le recours sur la loi sur l’eau et enfin les espèces protégées.

Mme la rapporteur se présente en disant que ses recommandations sont indépendantes du gouvernement (ça c’est pour François Fillon).

Puis elle lit son rapport. Elle lit bien, ce n’est pas désagréable, mais statique.

Elle décrit le projet d’aéroport, son historique, les différents volets et les étapes juridiques.

Dans la première requête déposée par  les opposants, il est dit que le préfet est juge et partie. En effet, le préfet de Loire atlantique pilote le projet d’aéroport, mais attention, il est surveillé de près par l’autorité environnementale. Or qui représente l’autorité environnementale ? Le préfet de région, c’est-à-dire celui de Loire Atlantique.

L’Union Européenne demande la séparation entre les acteurs et l’administration. L’argument des opposants est solide dit la rapporteur : «  le préfet est-il bicéphale ? ».  Même si les bureaux sont différents, la Dreal est un service de l’Etat et AGO a un contrat avec l’Etat. Elle se réfère à un dossier irlandais ou la situation est comparable à celle de Loire Atlantique  avec des services différents mais liés ; le dossier a été accepté par l’Europe.

De plus, l’autorité environnementale ne se prononce pas sur l’opportunité environnementale, mais sur la qualité du dossier. Enfin, la Dreal a ses moyens propres et a bien fait son travail…

Mme la rapporteur demande donc aux juges d’écarter ce recours comme l’ont fait la cour de Marseille et celle de Versailles sur des cas similaires (décision du …. Recours n° x).

Heureusement, on est assis « Ah cette dame va nous donner raison ! Vraiment, mais quand alors ? »

Requête 2 : les opposants critiquent le découpage du projet. Le programme viaire (routier), de rétablissement de voirie est traité indépendamment du projet, alors que le projet est global (on recalibre des routes à cause du projet). L’ensemble est lié. L’autorité environnementale n’a donc pas pu informer correctement le public au moment de l’enquête publique sur le programme viaire, en particulier les effets globaux cumulés ne sont pas présentés. C’est un des reproches de l’Union européenne : ne pas présenter le projet avec toutes ses incidences.

Pour Mme, l’Union ne s’est pas prononcée sur de tels sujets.

AGO dans ses documents fait le lien entre le programme Viaire et le projet d’aéroport. Mais il y a une DUP différente pour le programme viaire, il est donc différent du projet.

Mme la rapporteur, en synthèse pense que le programme viaire fait partie du projet d’aéroport, mais, par discipline, plus que par conviction, elle demande aux juges de ne pas retenir cette question et suite aux décisions du Conseil d’Etat de considérer qu’il s’agit d’ouvrages distincts. Discipline en référence à une décision du Conseil d’Etat qui a donné tort à des opposants à la ligne à Très Haute Tension (THT) Cotentin Maine en considérant que le projet de construire cette ligne n’avait pas de lien avec le projet du futur réacteur EPR qu’elle doit desservir.

 

Nous sommes toujours attentifs et de plus en plus sidérés.

La question 3 des opposants porte sur la régularité des prévisions de travaux à Grand champ des fontaines. Il est suggéré aux juges d’écarter cette question car les documents sont réguliers.

La quatrième requête porte sur l’étude d’impact du programme viaire qui comporte 3.3 Ha de zones humides et des Km de haies, le tout situé dans deux zones naturelles d’intérêt floristique et faunistique et se base sur le rapport du collège d’experts scientifiques qui a invalidé les compensations.

Mme le rapporteur dit que le tribunal administratif a fait une erreur en 2015 en considérant que le programme Viaire n’était pas un problème car il comprend 3.3 Ha de zones humides et ce n’est pas négligeable.

Puis, elle  reprend des points essentiels du rapport d’experts scientifiques : état initial mauvais, oubli des reptiles, des libellules et lépidoptères, analyse mauvaise de la qualité de l’eau et de son débit. Ce rapport  invalide effectivement les compensations.

Elle considère l’étude d’impact suffisante pour les besoins et correcte car elle comporte un bilan énergétique. Si on prend en compte le rapport des scientifiques, on a un problème de droit.

Elle demande d’écarter cette requête.

La requête sur l’impact sur la santé est rejetée.

De même, la requête sur le principe de précaution car il y a peu de surface en jeu.

Rejet d’une requête sur l’enquête d’utilité publique qui a été prolongée, ce qui est favorable au public.

Etc

Françoise, à côté de moi, est très synthétique. Elle résume chaque requête par trois petits points puis note la conclusion : « … mais  …. mais …mais » C’est tout à fait cela !

Mme la rapporteur conclut donc par une recommandation de rejeter l’ensemble de ces requêtes et de condamner les requérants à verser de l’argent à Vinci. Par exemple Julien et Bernadette Durand devraient payer 1500 euros à Vinci. Ah quel bonheur !

Ainsi  se termine la deuxième heure d’audience. Elle est où la nouveauté ?

Bons soldats, nos avocats vont au feu : Erwan a du mal à comprendre le bicéphalisme du préfet. IL insiste sur le saucissonnage du projet et préfère la conviction à la discipline. Quelle idée !

Thomas souligne le fait que la Dreal  ne fait que préparer les dossiers et qu’il y a conflit d’intérêt pour le préfet. L’autorité environnementale n’a donc pas pu informer correctement le public. Il met en avant la notion d’unité fonctionnelle pour parler du programme viaire et met en avant l’inefficacité des compensations prévues.

Puis, l’avocat de l’Etat confirme bien qu’il y a séparation fonctionnelle entre le département de Loire atlantique et la région. Et surtout, il confirme qu’il faut respecter la jurisprudence du Conseil d’Etat.

L’avocat d’AGO n’a plus rien à dire après l’intervention de l’Etat, par discipline.

Ah, lui aussi ! Peut-être, tout serait-il plus simple, si nous avions nous aussi plus de discipline !
 
de Marcel, Paysan à Notre Dame

samedi 5 novembre 2016

Invitation à la sérénité


Depuis le 8 octobre, nous n’avons pas chômé. Les céréales sont semées. Les naissances se font tranquillement (c’est le gros de notre saison de vêlages).
Myosotis des alpes avec sa mère edelweiss


L’automne est magnifique. Tous les animaux sont encore dehors. Les vaches laitières sont en train de pâturer un jeune semis. La luminosité jouant sur les différentes nuances de feuillage d’arbres crée des paysages magnifiques. La présence d’hérons et d’aigrettes garde bœuf parmi les vaches nous enchante. Cela crée une impression de calme et est une véritable invitation à la sérénité.

Nos laitières (merci à Joëlle pour la photo)
 
Quel contraste avec la cacophonie qui règne au gouvernement sur le projet d’aéroport à Notre Dame des Landes ! Dès le 10 octobre, M. Valls a confirmé l’évacuation imminente de la Zad et à notre surprise, S. Royal a fortement réaffirmé son hostilité à une intervention qui engendrerait des violences. Tollé du Président de région (élu LR) auquel se joignent les voix des  élus PS locaux.

Nous découvrons en fin de semaine que le Président n’est pas favorable au projet en tant que tel,  mais qu’il ne fait rien pour le suspendre pour respecter la volonté des élus locaux. De plus, il nous considère juste  comme des  «   anti progrès », ignorant les motivations profondes des militants.

Les politiques au plus haut niveau n’ont rien compris aux enjeux que porte cette lutte : quelle terre et quelle société laisserons nous à nos enfants ? Il faut sauvegarder toutes les terres nourricières  pour nourrir sainement notre population. Il faut garder les bocages et terres humides, sources de biodiversité, hélas déjà en régression. Notre mode de développement est à bout de souffle, il accroit les inégalités, augmente la précarité et exclut les plus faibles et les plus jeunes. La perméabilité entre nos décideurs et les grandes sociétés conduit au pillage de l’Etat et au discrédit des politiques qui ont oublié toute notion d’intérêt général et de vision à long terme. La démocratie se résume  à «  votez pour nous et laissez-nous décider».

Les politiques en appellent sans cesse à l’Etat de droit alors qu’ils ne respectent pas le droit de l’environnement.
Celui-ci sera examiné en appel  le 7 novembre, le jour du démarrage de la COP22. Faut-il y voir un signe favorable ? Osons l’espérer. Les premiers indices sont plutôt encourageants.


lundi 10 octobre 2016

Le chant des bâtons




Ah, qu’il fut doux le chant des bâtons en ce samedi 8 octobre ! Plus de 40.000 personnes rassemblées !  Trois immenses serpentins humains sillonnant les sentiers de la ZAD de Notre Dame des Landes ont convergé vers Bellevue. Tous y ont planté leur bâton, devant le hangar traditionnel des camarades charpentiers en cours de construction ; tous ont ainsi montré leur engagement à défendre la zone si besoin était.


peuple en marche, peuple bâtisseur

hangar traditionnel en construction


Et pour nous, habitants de cette zone, des moments inoubliables, des rencontres, des retrouvailles… et ce courage insufflé par la détermination tranquille de cette foule. Vous êtes incroyables !

Cette foule à nos porte a engendré quelques situations inhabituelles.  Ainsi, nous avions écrit « bienvenue chez Sylvie et Marcel », aussi ne faut-il pas s’étonner d’avoir eu notre pelouse transformée en aire de pique-nique. La parcelle de nuit des vaches s’est transformé le temps d’un soir en parking voiture avec quelques tentes. Nos vaches qui y  étaient reparties après la traite ont un peu joué les curieuses, puis  à mon appel  sont tranquillement ressorties pour être emmenées dans une autre parcelle.

"garden party" au Liminbout : que du beau monde!
Plus que jamais, nous avons conscience de l’importance de cette lutte. Pour moi, les bâtons sont aussi le symbole de notre détermination à ne rien lâcher (les bâtons appuient nos propos empreints de vérité) et  de l’image d’un peuple en marche qui veut décider pour lui.

Dans la foule, de plus en plus de jeunes qui se reconnaissent dans ce qui se vit ici, dans ce foisonnement permanent d’idées, d’initiatives, de décisions partagées … Des jeunes qui veulent décider de leur vie et ne pas subir celle que la société, le gouvernement leur imposent et qui se traduit par une précarité accrue.  Notre monde est malade et génère trop d’inégalités pour durer. Il a besoin qu’émergent d’autres formes d’organisation, et c’est ce qui s’expérimente ici.

le champ des bâtons
 
Avec un président qui a fait de la jeunesse une des 2 priorités de son mandat, le message sera peut -être entendu. C’est le moins qu’il puisse faire alors qu’approche le deuxième anniversaire de la mort de Rémi FRAISSE.

lundi 26 septembre 2016

Leçon de vie!


A l’heure où l’ensemble de nos personnalités politiques se battent pour être sur le devant de la scène, je veux évoquer une personne qui mérite, elle, d’être connue et saluée  pour la fidélité revendiquée et  affirmée à  ses valeurs et convictions.
Cette personne est Camille SENON, 91 ans, rescapée du tramway d’Oradour sur Glane, qui  a refusé la proposition de notre Premier Ministre M. VALLS  de l’élever au rang de Commandeur de l’Ordre National du Mérite.
Sa réponse très digne à celui-ci : « Dans le contexte actuel, il m’est impossible d’accepter de votre part cette distinction méritée alors que je suis totalement solidaire des luttes menées depuis 2 mois par les salariés, les jeunes , une majorité de députés, de français contre la loi TRAVAIL que vous venez d’imposer par le 49-3. Ce serait renier toute ma vie de militante pour plus de justice, de solidarité, de liberté, de fraternité et de paix. »

Camille SENON photographiée par Charlotte PERRY de Radio France
 
Merci Camille pour cette belle leçon donnée à nos politiques sur l’engagement et le respect de ses valeurs, pour votre indignation affichée de si belle façon sur ce que nous vivons aujourd’hui et pour votre confiance dans la jeunesse.

dimanche 3 juillet 2016

Un résultat attendu qui ne résoud rien!


 
Que dire après cette consultation du 26 juin ? Nous n’avons pas de regrets. Nous avons participé, comme beaucoup, à la campagne d’information. Beaucoup d’énergie et d’inventivité déployées ; Merci à tous ! C’est un travail phénoménal qui a porté ses fruits quand on regarde le résultat sur Nantes et ses environs proches où le NON l’emporte. Belle victoire car ce n’est pas une déferlante du OUI  comme l’espérait sans doute le gouvernement en organisant cette consultation sur mesure pour le résultat qu’il voulait.
Ici la vie continue. Nous récoltons notre foin et constituons nos stocks pour l’hiver à venir. Les vêlages reprennent doucement.
Sur le fond, rien n’a changé. Nous restons ici, au Liminbout, attendant la fin de tous les recours juridiques. Si notre Etat de Droit applique stricto sensu la Loi sur l’Eau, il doit éviter de détruire la zone humide de Notre Dame des Landes et réaménager Nantes Atlantique puisque cela est possible. 
La récente annonce d’annulation de la Déclaration d’Utilité Publique du barrage de Sivens nous conforte dans notre décision. Plus que jamais, nous souhaitons éviter des destructions irréversibles et cela ne peut s’obtenir qu’en occupant les lieux.
Pour conclure, quelques phrases extraites d’une lecture commencée, « Pierre RABHI semeur d’espoirs, entretiens avec Olivier LE NAIRE », et qui trouvent en nous une résonance particulière :
« J’ai vécu simplement ce que j’avais à vivre sur le moment, et ce qui me paraissait juste. Le temps a fait que cela devient encore plus juste  aujourd’hui .»
 

dimanche 8 mai 2016

Printemps tardif…


Enfin, nous avons le sentiment de quitter l’hiver : les vaches depuis la mi-avril sont désormais intégralement en pâturage, nuit et jour. De l’herbe en plat unique agrémentée  de 2 kg de mélange céréalier. Le bonheur ! J’ai repris mon vélo pour accompagner ces dames dans leurs déplacements entre les champs et  la salle de traite. C'est aussi l'occasion de réduire au maximum nos coûts de production, le lait nous étant actuellement payé 270 euros la tonne et les perspectives pour le reste de l'année n'incitent guère à l'optimisme. Travail assuré mais rémunération incertaine?
 Les génisses inséminées sont parties également à l’herbe valoriser nos parcelles d’herbe éloignées.  Il ne nous reste plus qu’à sortir nos veaux qui sont nés entre juin et décembre 2015. Cela nous permettra de faire un vide sanitaire dans le bâtiment avant la reprise des naissances qui se fera fin mai-début juin. Mais avant cela, il nous faudra quelques jours pour les éduquer au fil électrique qui sera notre principal outil de contention au champ.


nos laitières pâturant un semis d'herbe d'automne
Tout cela nous soulage côté travail sur les animaux. Mais le travail des champs démarre à fond : récolte d’herbe en ensilage, premier semis de maïs vendredi (comme tout le monde, nous attendions un peu plus de chaleur pour démarrer le semis), clôture… Le travail est plus varié. La campagne s’apparente à une immense ruche où tout le monde s’active (mise en route des jardins, plantation collective d’oignons, de patates…).

Nous nous préparons aussi des soirées chargées pour intervenir lors des réunions d’information avant la consultation.

Pas de quoi s’ennuyer vraiment ! C’est tout le plaisir du travail à la ferme et de la vie à Notre Dame des Landes…

dimanche 10 avril 2016

L’homme au chapeau…


La semaine passée, nous avons eu deux fois la visite d’un huissier de justice. Toujours la même personne (l‘homme au chapeau, c’est lui !), un habitué des lieux désormais !

La première fois, le mardi 29 mars vers 11h00, à l’heure du café : « y a quelqu’un ? ». Nous sommes en train d’ébouser dans la stabulation : «  oui !  » Répondons nous avec enthousiasme. Et puis : « Oh non, c’est lui ! ». Nous posons la fourche et la bouse qui est dedans pour prendre un « commandement de quitter les lieux » dès ce jour, notre délai sur la maison étant dépassé.



Le lendemain, l’huissier sous la pluie. La caméra de FR3 l’a pris à sa descente de voiture, mais ne l’a pas suivi. Il nous demande de se mettre à l’abri sous le hangar. Hésitations, puis « OK ! ».  Et puis, on voit son vigile qui vient surveiller la situation. Marcel s’énerve… Alors là, non ! Si on est gentil, il renvoie son flic privé à la voiture ! L’huissier repart sous la pluie, demander à son vigile d’aller sagement l’attendre dans la voiture puis revient nous voir…


Pour nous remettre  un procès-verbal de tentative d’expulsion. Cela ressemble plus à une visite de courtoisie qu’à une tentative d’expulsion. « Vous êtes toujours là ? » ; « oui, il nous est difficile de déménager une ferme en 2 mois… » ; « Je peux m’appuyer sur la brouette pour remplir mes papiers ? Je vous explique…Comme vous refusez de vider les lieux, je m’en vais devant le Préfet afin de requérir la Force Publique en vue de procéder à une expulsion par la force ».


Je ne sais si vous avez déjà lu des romans de Jonas Jonasson, histoires burlesques et complètement déjantées où les héros se retrouvent dans des situations invraisemblables mais tellement divertissantes. Nous avons l’impression d’être dans l’une de ses histoires absurdes, mais une histoire qui n’en est pas moins réelle, comme en témoigne la pile de documents juridiques qui commencent à s’amonceler chez nous.

Une histoire qui garde encore tout son suspens comme tout bon roman qui se respecte mais c’est désormais à chacun d’en écrire la fin ! (sur invitation du Président de la République…)


dimanche 3 avril 2016

avec les grévistes de la faim de Calais


Nous entrons, 5 ou 6 grévistes sont là sur des divans et des chaises. Les lèvres cousues ne sont pas choquantes, cela me fait penser à des piercings. Nous n’entrons qu’à 5 mais il y a peu de place. Quatre Anglais sont là et discutent tranquillement. On se demande si on dérange, si on doit s’insérer dans la conversation ou parler de la pluie et du beau temps. Est-ce juste de l’incompréhension ? Ou avons-nous commis une maladresse ? Marie et S commencent à parler en anglais et le dialogue se met en place peu à peu.  La double barrière du langage rend le dialogue difficile et long : du français à l’anglais puis de l’anglais au farsi et réciproquement.
 

Nous exprimons notre soutien sur le mode d’action, les valeurs qu’ils défendent et nous disons les liens que nous voyons entre nos combats.

 Nous expliquons notre organisation avec grévistes et groupe d’accompagnement, notre calendrier d’action pensé avant et calé sur les élections présidentielles, le relai entre grévistes et les exigences revues à la baisse (pas d’aéroport devenu pas d’expulsions).

 Ils disent qu’ils n’ont pas confiance dans leur interlocuteur de la préfecture (directeur de la cohésion sociale) : il peut dire oui, mais ne tient pas ses promesses. Lors d’un mouvement de grève de la faim, il y a trois ans ce fut déjà le cas.

Nous, nous avons obtenu des engagements écrits, ils étaient diffusés dans la presse et il était difficile de ne pas les tenir.
Ce n’est qu’au bout de 20 jours que notre grève a commencé à être entendue et à inquiéter les décideurs.

 

Leurs exigences sont de deux ordres : pas de destruction de la partie nord de la jungle et qu’il y soit apporté plus de confort et d’autre part la mise en place d’un bureau britannique pour enregistrer les demandes des migrants.

Ils n’inquiètent personne et se demandent s’il faut aller plus loin, cesser de boire, se coudre les paupières pour être enfin entendus.

Cela nous fait peur : une grève de la soif est rapidement mortelle.
 Des lésions supplémentaires risquent de mettre de la distance avec les soutiens possibles, de rendre la communication plus difficile sans inquiéter les décideurs, bien au contraire. Nous gardons ces commentaires pour nous et la suite nous donne raison.

 

Ils ont peur lors de l’arrêt de leur grève, d’être à la merci de la police qui les aura repérés. 

C’est vrai ! cela met mal à l’aise. Quoi que l’on fasse, nous sommes toujours blancs avec papiers. Le contraste est fort.

la police fait toujours partie du paysage
 

Un Anglais qui vient d’entrer nous demande si nous avions des moments dépressifs. Eh bien , non, portés par les militants, détestés par les porteurs du projet que nous gênions vraiment. C’était très confortable sur le plan moral. 

Ils nous remercient pour le déplacement et le temps consacré. 

Nous nous quittons après des embrassades fraternelles. . Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés, mais heureusement plus que 20 mn.
 

A la conférence de presse, peu de journalistes, désolant.

conférence de presse.... noter le bulldozer à l'horizon
 

Nous faisons une mise en commun avec S, M et leurs amis : - conditions très dures sur le plan moral –cadre très déprimant, peu de relai   - peu de soutien alors qu’ils se battent pour la communauté des migrants  - et surtout le rapport de force n’y est pas. 

Nous cherchons ensemble comment améliorer ce rapport de force.

 l'équipe ayant fait le voyage
 

De retour, deux jours plus tard, nous apprenons qu’ils ont cessé leur action. Leur communiqué laisse perplexe : « nous avons décidé d’arrêter notre grève de la faim…par respect pour ceux qui nous soutenaient, qui avaient un réel souci de notre bien-être et comme un geste de confiance que l’Etat tienne ses engagements…. » 

C’est une bonne décision pour leur santé et pour continuer à  lutter pour les droits des migrants. 

Nous espérons vraiment qu’ils en gardent une haute estime d’eux-mêmes. Ils sont des êtres humains, restés debout dans des conditions très dures et qui se sont battus pour leurs frères.

Merci aux copains et copines pour leur relecture

De Marcel, paysan à Notre dame

samedi 2 avril 2016

de Notre Dame à Calais


S m’appelle et me demande si je pourrais venir soutenir les grévistes de la faim de Calais. Cela me semble une bonne idée. Ce n’est pas à gérer seul ; il faut garder l’esprit d’équipe que nous avions en avril 2012. On dit moins de conneries à plusieurs, et puis l’idée des bouches cousues me fait un peu peur. Un mot de soutien est écrit suite à l’AG du mardi : attention à ne pas parler au nom d’organisations qui ne sont pas là et donc on signe AG et grévistes de la faim, c’est facile de faire valider rapidement. Il s’agit d’un texte qui soutient des hommes très engagés, mais en restant humbles dans un contexte que nous, grévistes de 2012 connaissons mal.

 

On arrive à caler un départ pour le mercredi 23 mars : quatre du groupe des grévistes et quatre militants. On veut faire le tour dans la journée, car il fait beau et il y a du boulot à la ferme.

 

A l’arrivée : accueil par M, S et K, nous rentrons dans la jungle : un bidonville fait de cabanes bricolées avec des bâches, c’est coloré et propre. Nous mangeons dans un restaurant afghan ; en fait, tout le commerce est géré par les Afghans.


rue commerçante
 

M nous explique qu’il y a beaucoup d’aide matérielle plutôt caritative. Les gens ne manquent pas de vêtements ni de nourriture, mais n’ont rien, leurs affaires peuvent tenir dans un sac de courses.

la jungle et sa partie normalisée: 16 personnes par contenaire avec un système de reconnaissance anthropomorphique
 

Les grévistes de la faim sont soutenus par des Anglais à titre amical, mais ayant en premier le souci de leur santé et les incitant à arrêter.

 

Nous avons fait un point avant d’arriver. Il est clair que notre position ne peut être que de témoigner. Nous allons parler à des adultes, à eux de prendre leur décision.

 

Nous nous dirigeons vers la cabane des grévistes. Le spectacle et déprimant. Dans cette zone évacuée et détruite, il ne reste que la mosquée, l’église, l’école, la cabane de lecture et celle des grévistes.
les lieux de culte église et mosquée ont été  préservés
 


la cabane des grévistes de la faim
 

Deux bulldozers en arrière-plan aplanissent le terrain de ce qui fut un lieu de vie. Des CRS patrouillent nonchalamment. Ils ont des sur-bottes en plastique ; faut pas se salir.

 

Avant d’entrer, quelqu’un nous dit : « il vous reste 20 mn, au-delà la préfecture vient négocier »…
de Marcel paysan à Notre Dame