samedi 9 mars 2013

Vigie postale Elysée - Lettre n°29
Préserver les zones humides en privilégiant les alternatives
Des naturalistes engagés dans la lutte - 07/03/2013

Des naturalistes engagés dans la lutte contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes

avec le soutien de la coordination des opposants

                                                                                                             Monsieur François HOLLANDE
                                                                                                             Palais de l’Elysée
                                                                                                             55 Rue Faubourg Saint Honoré
                                                                                                             75008 PARIS 8e


Notre Dame des Landes le 7 mars 2013

Monsieur le Président de la République,


Depuis plusieurs mois nous nous mobilisons sur le sujet de Notre Dame des Landes et aujourd’hui nous voulons vous apporter notre éclairage sur ce projet d’aéroport qui concerne plusieurs centaines d’hectares et vous demander de bien vouloir nous recevoir afin de vous entretenir sur l’impact environnemental du projet.

En effet, lorsque l’on étudie les différents documents mis à la disposition du public par les porteurs du projet, on constate qu’en termes de protection d’environnement, trois principaux problèmes se posent : celui des zones humides, celui de la biodiversité, celui des compensations.

C’est ainsi, que l’on note que le périmètre du projet est composé à 98% de zones humides et que nombreux ruisseaux y prennent leur source ; qu’il s’agit d’un écosystème complexe, composé de plusieurs types de milieux humides plus ou moins interconnectés entre eux et dont les fonctionnalités sont complémentaires (réseau de mares, ruisseaux, bois humides, prairies naturelles humides….) ; que la géologie du sous-sol ainsi que le positionnement en crête de deux bassins versants, confère à ce site les propriétés d’un véritable château d’eau.

Le site est l’un des derniers grands bocages humides non remembrés de France, il joue activement son rôle de tampon dans les crues du secteur de Blain et de l’Erdre. Il participe à la dénitrification des eaux, ralentit l’érosion des sols et est le cadre d’une économie rurale rationnelle et bien portante. Disséminés au sein  de ce maillage bocager, qui abrite de multiples niches écologiques, on y trouve, notamment dans les talwegs continuellement saturés en eau, des biotopes oligotrophes désormais rares.

Comme le révèlent les études réalisées sur la flore et la faune à la demande des porteurs du projet, le site peut être assimilé à un carrefour naturel entre les grands espaces naturels que sont l’estuaire de la Loire au sud-ouest, les marais de l’Erdre à l’est et les vallées du Gesvres et du Cens au sud. Il constitue un site écologique remarquable, présentant un grand intérêt pour la faune, la flore et les milieux naturels. Ces études relèvent surtout que les mares y sont de très bonne qualité pour les amphibiens et que la densité des mares et leur diversité ont comme effet d’augmenter la capacité d’accueil du milieu pour cette faune.

Il faut cependant souligner que ces études comprennent de nombreuses approximations, prennent des hypothèses non vérifiées et omettent certaines études qu'il était nécessaire de mener.

D’après la directive européenne sur l’eau, il est essentiel de préserver les zones humides en privilégiant les alternatives. S’il est inévitable de détruire des zones humides, il y a alors obligation de compenser par la création de nouvelles zones humides à 100% dans le même bassin versant et à 200% à l’extérieur. Ces compensations sont volontairement contraignantes pour marquer l’intérêt majeur qu’il y a à les conserver.

A ce jour, les alternatives n’ont jamais été réellement étudiées et il apparaît impossible de rétablir cet ensemble, en mettant en place des compensations dispersées en plusieurs lieux éloignés les uns des autres et non pérennes, puisque les baux agricoles sont d’une durée de 5 ans.
Pis, les porteurs du projet détournent l’esprit de la loi, en présentant une méthode de compensation dite expérimentale qui minimise les besoins de compensation :
- elle attribue des coefficients de compensation compris entre 0,25 et 2 (alors que le barème du Comité National de Protection de la Nature (CNPN) préconise des coefficients allant jusqu’à 5 ou 10) ;
- certaines mesures compensatoires seront prévues sur des zones humides existantes et dans de nombreux cas, elles consisteront à recréer, restaurer ou améliorer les fonctionnalités de zones humides délaissées par leur ancien propriétaire porteur du projet d’aéroport (le Conseil Général de Loire Atlantique).

Bref, cette logique de compensation expérimentale tend plus vers la compensation sur le fil et à la création d’un marché de la compensation lié au droit au bétonnage, au détriment de la sauvegarde d’espèces rares et fragiles. 

Ce coin de nature, qui est l’un des plus beaux éléments du patrimoine naturel de Loire Atlantique, ne saurait être interchangeable ou inter compensable de par ses intérêts faunistiques floristiques et sociétaux.

Ce projet d’aéroport à Notre Dame des Landes date d’une époque où l’on ne mesurait pas la nécessité de préserver les espaces fragiles et complexes que sont les zones humides.

Monsieur le Président, nous tenons pour finir à attirer votre attention sur le fait que c’est la biodiversité qui est la source de notre avenir et qui nous préservera des catastrophes sanitaires à venir. Nous vous demandons comme les 27 autres personnes ou groupes l’ayant fait avant nous, de recevoir une délégation des opposants au projet d’aéroport à Notre Dame des Landes.

Comptant sur votre bienveillante attention pour protéger notre environnement, nous vous prions de recevoir, Monsieur le Président, l’assurance de notre plus profond respect.



Y. Riou - 44130 Notre Dame des Landes
A. Martin - 44130 Notre Dame des Landes
J. Maillard  - 44130 Fay de Bretagne

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