samedi 29 décembre 2012

Que vive le Grand Ouest!

Les comités de soutien se mobilisent avec nous et ne manquent pas d'humour! 
Voici la création de celui du Cap Sizun...



La « Hotte » du Père Noël…



Cette année, notre dernier vêlage devait avoir lieu juste après Noël. Mais il faut croire que le Père Noël avait une hotte bien chargée pour compenser la morosité ambiante. Du coup, au Liminbout, il a vidé sa hotte en avance, 12 jours avant l’heure… Cela nous a permis d’être sereins à Noël et de ne pas avoir à nous relever.

"Hotte" et sa mère Eidelweiss

Jours gris qui se succèdent…
Cette période de l’année est toujours difficile pour moi : beaucoup de travail d’astreinte sur la ferme (presque tous les animaux sont rentrés), des journées courtes (quand on part travailler le matin, il, fait nuit et quand on rentre à la maison le soir, il fait nuit), de la fatigue… et un décalage certain sur la frénésie d’achats et de consommation qui entoure cette période.
Où sont passées les valeurs de Noël ?
Heureusement, je les ai retrouvées hier lors du pot-au-feu agricole qui a eu lieu à côté de la Chataigne et qui a regroupé beaucoup, beaucoup de monde pour un moment de partage, de convivialité, de sympathie, de retrouvailles, d’amitié…
Depuis la mise en place des tracteurs autour des cabanes reconstruites (il y a plus d’un mois), des agriculteurs se relaient pour assurer une permanence. Cette présence, cet engagement nous renforcent au quotidien pour tenir malgré tout :
-malgré l’expropriation qui arrive à son terme et qui va bientôt nous amener l’huissier pour notre rendu de jugement,
- malgré la tactique affichée des pouvoirs publics qui est de faire pourrir la situation en mettant en place ce qu’il faut pour déclencher un «accident » suffisamment grave pour faire basculer l’opinion publique : mise en place d’une commission de dialogue (dont l’objectif n’est pas clair à mes yeux…) et simultanément maintien d’une présence policière qui pourrit la vie de tous au quotidien et comme le quotidien n’est pas au temps des semailles et travaux des champs, certains jeunes viennent pour chercher des crosses aux bleus…
C’est pourquoi, j’ai le sentiment de vivre sur le fil du rasoir en étant consciente qu’il suffirait de peu de choses pour que cela bascule d’un côté ou de l’autre. Angoisse…
Mais aussi Espoir : le dialogue existe, les comités de soutien sont nombreux, la solidarité s’invente au quotidien,  des rencontres riches ; si chacun se sent respecté, des ponts peuvent s’établir entre les différents mondes présents…
J’attends les vœux de notre président en espérant qu’ils ne se contenteront pas d’être des vœux pieux car il y a urgence…

vendredi 21 décembre 2012

Les « mauvaises » terres de Notre Dame des Landes ...


Réponse à une interview du maire de Plessé parue dans Ouest France

Ah ! Un maire s’exprime sur Notre Dame des Landes. Un maire PS de surcroit et agriculteur. C’est précieux ces voix dans la citadelle PS quand on connait la position de la commission agricole PS. Plessé, ce n’est pas rien : une commune qui a 30% d’agriculture bio, donc très sensible au respect des terres. C’est avec un grand intérêt que l’on lit l’article.
Et là, coup de couteau dans le dos : « les terres de NDL sont les plus mauvaises du département ».

Ah, monsieur le maire, vous répondez parfaitement à la formule « avec de tels amis, pas besoin d’ennemis ! ».
En tant que membre du PS, vous ne pouvez pas ne pas taper sur les militants anti-aéroport.
Sur le fond :
1-     le débat n’est pas la qualité des terres de NDL mais le besoin ou non de déplacer un aéroport, de consommer 2000 ha de terres au lieu de densifier Nantes.
2-     Les terres de NDL, nous en vivons. En tant qu’agriculteur, en particulier à Plessé, vous savez qu’il n’y a pas de mauvaises terres, mais une utilisation et des pratiques culturales à adapter.
3-     Si nos terres ne sont et ne seront pas le grenier à blé de la Loire-Atlantique, elles sont d’une grande richesse botanique et faunistique, et pour nos enfants, c’est peut être aussi précieux que le reste. Nous avons réussi à vivre de nos terres et à avoir des pratiques qui maintiennent de la biodiversité sur cette tête de bassins versants. Cela vaut peut être la chance de nous laisser y vivre même si c’est au grand détriment de quelques promoteurs immobiliers à Nantes.


Enfin, monsieur le maire, je crois que vous avez fait une erreur : à Notre Dame des Landes, ce ne sont pas les plus mauvaises terres mais le plus mauvais sous sol du département que l’on trouve. C’est de l’argile blanche qui serait élastique sous le poids des avions au décollage. Il y aurait un effet de roulis et ainsi, les voyageurs ne sauraient pas s’ils ont pris l’avion ou le bateau. Pour le low coast qui augmente tant le trafic de Nantes, ce serait le top ! L’aventure commencerait dès le décollage. Pour les chefs d’entreprise ou hommes d’affaire qui quittent Nantes le matin pour aller au centre de l’Europe et rentrer le soir, ce serait le stress de trop qui leur gâcherait la journée.
De Marcel, paysan à Notre Dame des Landes

jeudi 20 décembre 2012

Apaisement, avez-vous dit ? Pour mieux endormir le peuple !



A la vue de l’énorme vague de sympathie suscitée après la déferlante des forces de l’ordre lors de l’opération César et de la médiatisation nationale, les autorités ont vite adopté un profil bas. En effet, tout le monde commence à s’interroger sur la réelle utilité du projet d’aéroport du Grand Ouest. De nouvelles personnalités expriment leur désaccord sur ce projet : Hubert Reeve, Stéphane Hessel, Nicolas Hulot… Cela devient gênant pour nos politiques : « non, mais c’est vrai, c’est décidé, c’est acté; cela ne se discute plus… Si le peuple se met à penser, où va-t-on ? ». Alors, on joue l’apaisement. J.M. Ayrault nomme une commission de dialogue… et parallèlement active tous ses pions pour communiquer sur la nécessité de l’aéroport du Grand Ouest. Et nous voyons tous les lobbyings à l’œuvre : CCI, maires et députés socialistes, chefs d’entreprise,… (tout le monde se lève pour le projet de J.M. Ayrault !).
J. Auxiette, président de la région Pays de Loire, après un dossier dans le magazine région de nov-déc 2012 (« un aéroport pour s’ouvrir au monde »), lance un appel d’offre pour des actions de lobbying pro-aéroport sur les réseaux sociaux et dans les médias. Nous aurons désormais droit au « matraquage marketing » pour nous vendre ce projet particulièrement inutile mais sûrement rentable pour quelques-uns !
Je lui propose un slogan choc :
« Avec l’aéroport du Grand Ouest, envoyez-vous en l’air ! ».
Et comme le dit mon ami Bobby, « comprend qui peut, comprend qui veut ».

lundi 10 décembre 2012

Et vogue la galère...

L’actualité me consterne… Beaucoup, en « élysant » F. Hollande, ont voté le changement ou plutôt ont cru le voter, et parmi eux, sûrement, les salariés de Florange… Ceux-ci découvrent le dialogue selon J.M. Ayrault, c’est-à-dire « c’est décidé, circulez, y a rien à en redire ! ».

Triste, désespérant pour un gouvernement de gauche surtout après avoir pourfendu notre ennemi, le monde de la finance…Si ce gouvernement est incapable d’agir et de défendre les emplois, c’est à désespérer !

Ici, à Notre Dame des landes, nous demandons au gouvernement de laisser tomber le grand projet inutile qu’est l’aéroport. Les millions d’euros économisés pourront être utilisés ailleurs (il y a tant de besoins…). Mais c’est un projet qui tient particulièrement à cœur à notre premier ministre et celui-ci sait fort bien œuvrer pour préserver les intérêts de SA ville même s’ils desservent l’intérêt général…

Le paquebot « France » est entre les mains socialistes. Au départ de la croisière, nous avions tous envie de l’appeler « espérance » car c’était un départ vers un monde nouveau avec un changement annoncé. Mais, au bout de 6 mois, j’angoisse car j’ai l’horrible impression de voguer sur le « Titanic ».

Pourtant, il suffirait d’OSER, d’oser enfin le changement…

samedi 8 décembre 2012

Vigie postale Elysée - Lettre n° 8
Etudier les alternatives
Michel Tarin - 17/10/2012

Michel Tarin
avec  le soutien de la coordination des opposants au projet de nouvel aéroport

                                                                  à Monsieur le Président de la République
                                                                  Palais de l’Elysée
                                                                  55 rue du Faubourg Saint Honoré
                                                                  75008 PARIS

Copie à Monsieur Frédéric Cuvillier, ministre délégué en charge du Transport

Treillières, le 17 octobre 2012
Monsieur le Président,

Vous avez reçu ces dernières semaines des courriers de Marcel et Sylvie Thébault, de Brigitte et Sylvain Fresneau et de Chantal et Thierry Drouet, de Geneviève Lebouteux, de Jacques Chiron, de Françoise Verchère,  et de Patrick Baron soutenus par l’ensemble de la coordination des opposants au projet de nouvel aéroport à Notre Dame des Landes, vous demandant un entretien. Les réponses à ces courriers nous renvoyant systématiquement vers Monsieur Frédéric Cuvillier – que nous avons déjà rencontré - nous souhaitons vous rappeler que, c’est avec vous personnellement que nous voulons discuter. Je réitère donc aujourd’hui notre demande d’entretien au nom de la coordination des opposants.

Monsieur le Président, je suis un paysan en retraite, âgé de 65 ans ; j’ai passé 41 ans à cultiver les terres de Notre Dame des Landes, cinquième génération à travailler et vivre dans ce magnifique bocage, ma famille étant arrivée en 1838 et notre fils aîné ayant pris la suite sur l’exploitation.

Je suis opposant au projet de nouvel aéroport depuis le début des années 70 et l’évolution du projet dans le temps n’a fait que renforcer ma détermination. Je ne reviendrai pas sur les arguments justifiant notre opposition mais je tiens à vous rappeler que les atouts de l’aéroport actuel de Nantes Atlantique sont réels puisqu’il vient d’être reconnu comme meilleur aéroport régional en Europe. Dans quelques mois, le ministre chargé des transports  rendra ses arbitrages sur les projets d’infrastructures qui vont devoir être abandonnés pour cause de restrictions budgétaires.  
Je vous conjure, Monsieur le Président, de faire en sorte que le projet de nouvel aéroport que porte votre Premier Ministre, soit abandonné à cette occasion, sous peine d’être taxé de favoritisme abusif tant il est vrai que ce projet d’aéroport ne trouve aucune justification sensée dans le contexte économique, financier, social et environnemental actuel.  Les récentes informations sur le ralliement des villes, de l’ouest notamment, par des liaisons TGV en lien avec le développement d’Orly, ne font que confirmer le fait que créer une nouvelle infrastructure pour Nantes est irresponsable et que, si besoin était, une optimisation de l’actuel aéroport international de Nantes Atlantique est envisageable.

Mais, Monsieur le Président, tous les atouts contenus dans les alternatives proposées et l’évidence du coût pour la société (cf étude du cabinet CE Delft demandée par le collectif d’élu-e-s) ont été rejetés par les porteurs du projet. Le plus insupportable pour moi est le refus total de débat que nous opposent les responsables politiques au pouvoir - tous membres du Parti Socialiste -  dans toutes les collectivités territoriales de notre région.

J’ai toujours voté à gauche, Monsieur le Président, et le 6 mai 2012, pour la première fois de ma vie de citoyen, j’ai voté par procuration car ma condition physique ne me permettait plus de me déplacer. Ce jour-là était en effet, pour moi, le 26ème jour d’une grève de la faim collective pour obtenir enfin une ouverture de dialogue. C’est suite à votre élection et à votre engagement personnel auprès de nos élus de Nantes Métropole, du département de Loire Atlantique et de la Région Pays de la Loire, que nous avons enfin trouvé un accord de principe pour arrêter notre grève de la faim le 8 mai, soit après 28 jours.

Mais depuis, Monsieur le Président, rien n’a évolué sur cette ouverture de dialogue et pourtant nous avons rencontré, avant et après votre élection, plusieurs personnalités de votre entourage :
  • M. Le Roux, Député de Paris,
  • M. Ries, Sénateur du Bas Rhin et Maire de Strasbourg,
  • M. Le Foll devenu Ministre de l’Agriculture,
  • Mme Duflot, devenue Ministre du Logement,
  • M. Guibert, président du pôle écologique du PS,
  • M. Warin, président du club Voltaire D/12 de l’ENA (votre promotion)
  • M. Cuvillier par l’intermédiaire de son chef de cabinet au ministère du Transport M Kesler,
  • M. Peiro, Député de Dordogne,
  • M. Glavany, ancien Ministre de l’Agriculture
Toutes ces personnalités du Parti Socialiste, dont beaucoup vous sont très proches, nous ont écoutés, ont semblé intéressées par nos propositions et devaient vous en rendre compte. Je crois que cela a été fait. Faut-il vous rappeler que Madame Royal et Monsieur Montebourg s’étaient prononcés pour une remise à plat du dossier de Notre Dame des Landes, lors des Primaires socialistes ?

Alors pourquoi les trois responsables politiques de nos collectivités territoriales, membres du parti socialiste, ont-ils écrit trois jours après la fin du mouvement de grève de la faim, qu’il n’y avait rien de changé, qu’ils étaient seulement intervenus pour des raisons humanitaires et pour donner une porte de sortie à une action d’irresponsables ?

Pourquoi, le 21 juin dernier, quelques semaines après votre élection, une répression jamais égalée par le pouvoir précédent, a-t-elle été lancée contre les paysans demandant seulement au préfet de repousser la date des enquêtes publiques organisées en plein mois de juillet, synonyme de vacances pour beaucoup ? Résultat de cette répression : 5 blessés et le président de l’ADECA (Association de Défense des Exploitants Concernés par le projet d’Aéroport), Sylvain Fresneau, traîné devant un tribunal comme un activiste irresponsable ; le tracteur du GAEC mis sous séquestre – une première aussi dans l’histoire paysanne française ! Pourtant vous l’aviez reçu quelques jours avant votre élection, accompagné de son épouse Brigitte et de Philippe Collin, porte parole de la Confédération Paysanne.

Pourquoi avoir fait parquer comme des bestiaux les militants anti-aéroport montés à Paris avec juste leurs banderoles en poche, le vendredi 14 septembre lors de la conférence environnementale ?

Pourquoi tant de brutalité de la part de la police envers une poignée de militants qui voulaient interpeller M. Montebourg, en visite avec le Premier Ministre sur le site d’Airbus à Bouguenais, ce dernier lundi ?

Pourquoi faire déployer un dispositif policier hors de proportion pour expulser quelques occupants pacifiquement  installés sur la zone, ces derniers jours et détruire des maisons habitables ?

Aucune réponse à nos demandes de dialogue sur le fond du sujet ne nous est jamais parvenue. Un très mauvais climat et un rejet important de la part de nos responsables du Parti Socialiste se sont installés durablement. Depuis dix ans que ce refus de dialogue existe, plusieurs élus et membres du PS ont quitté le parti. Beaucoup de citoyens qui ont voté utile en mai dernier, se posent bien des questions aujourd’hui. Des débuts de désaccord apparaissent au sein de la section du PS 44 – entre autre au sein de la commission agricole qui ne peut absolument soutenir un projet qui condamne le principal bassin laitier de la région et qui s’apprête à bafouer la Loi sur l’Eau, loi que respectent tous les élus locaux dans l’aménagement de leurs communes.

Monsieur le Président, tout cela renforce encore notre détermination à faire abandonner ce projet inutile, nuisible et ruineux. La gauche devra-t-elle l’imposer par la répression, les coups de matraque et les gaz lacrymogènes alors qu’une vraie concertation et un engagement de changement par la reconnaissance des alternatives proposées seraient la solution. Notre détermination de résistance s’accompagne d’un engagement aussi déterminé pour être force de proposition et arriver à une sortie positive et vraiment d’utilité publique de ce projet du passé.

Vous avez dit, Monsieur le Président, « le changement c’est maintenant ». Nous, nous le voulons !
Dans l’attente de vous rencontrer, je tiens à vous assurer, Monsieur le Président, de ma haute considération.

Michel Tarin

Vigie postale Elysée - Réponse n°3 - Pierre Besnard - 30/10/2012

On l'a attendue longtemps (voir ce message qui sans doute à réveillé les troupes car une réponse est arrivée quelques jours après), mais faut quand même reconnaitre que cela valait le coup d'attendre, non ?


Vigie postale Elysée - Réponse n°7 - Pierre Besnard 30/10/2012

Erratum, en fait une réponse était arrivée ....


La lettre à laquelle il est répondu ici
Le précédent du Somport -Patrick Baron - 11/10/2012

vendredi 7 décembre 2012

Lettre à des lecteurs improbables...



Cela fait deux fois que des militants me rapportent des paroles d’agriculteurs assez énervés sur le dossier Notre dame des Landes : « nous, on est du métier, on sait que tout ça, c’est une histoire d’argent. Ils font ça pour avoir plus d’argent encore ! ».
Faut-il répondre à cela ?
Sur le fond, les gens peuvent penser ce qu’ils veulent, ce n’est pas très grave. Mais que des agriculteurs ne se mobilisent pas pour défendre le foncier, à cause d’une incompréhension, c’est dommage !
Alors, reprenons sur quelques points.
Que notre présence fréquente dans les médias agace, je le comprends volontiers.
Que l’on pense que nous parlons plus que nous ne travaillons, je l’imagine volontiers.
Que l’on se dise : «  ils font pleurer sur leur sort, alors qu’ils vont toucher un paquet de fric », j’ai plus de mal à suivre.
Dans ce combat, notre rôle d’agriculteurs est de témoigner de ce qu’est l’agriculture ici, du bocage, des zones humides, de ce qui serait détruit... Nous avons fait tourner les journalistes entre les différentes exploitations très impactées et acceptant l’échange avec les journalistes.
Dans le feu de l’actualité, c’était deux entretiens par jour pour nous.
Sur le fond, nous avons toujours expliqué notre refus d’un accord amiable et donc la procédure judiciaire d’expropriation. Nous ne nous sommes pas posés en victimes de la justice ou d’un mauvais traitement de Vinci, mais en victimes d’un projet inutile.
Nous avons accepté le terme de « résistant », qui nous parait prétentieux, mais explique bien notre position si on l’emploie au sens strict et sans références historiques.
Sur l’aspect financier, nous ne connaissons pas encore le montant du chèque décidé par le juge, mais nous sommes convaincus qu’une négociation amiable aurait permis de négocier plus. Par exemple, pour la maison, en la vendant au conseil général, nous aurions touché 120% de la valeur du marché (source maire de Grandchamps des fontaines) et aujourd’hui la somme que nous permet de demander l’attestation de notaire dont nous disposons, nous semble en dessous du prix du marché. Pour l’indemnité au fermier sortant, la somme aurait été la même, amiable ou par justice. Non, il n’y a rien d’évident à gagner pour les agriculteurs à passer par le juge d’expropriation. C’est une question de principe. Et nous avons le droit de demander de quoi survivre ailleurs.
Pour les braves gens agriculteurs, un exproprié, c’est l’oncle d’Amérique avec les poches qui débordent d’euros. Qu’ils réfléchissent à la vente simultanée de leur maison, de leurs bâtiments d’élevage aux normes et tout, et aussi du foncier. Vers 50 ans, chez tous, cela doit faire une somme assez coquette.
Nous n’avons jamais dit que le combat de Notre Dame était une histoire d’argent.
C’est avant tout une histoire de 1650 ha sacrifiés, au profit d’un projet immobilier pour Nantes. Un défilé de mensonges sur la saturation, sur la sécurité, sur l’emploi et sur la rentabilité. Ne me croyez pas, mais écoutez les pilotes de ligne.
C’est cela qui devrait faire réagir tous les agriculteurs, et en réalité, en fait réagir bon nombre.
Enfin, expliquez-moi le plus financier lié à la grève de la faim.
De Marcel, paysan à Notre Dame




mercredi 5 décembre 2012

Effet Hagelsteen...

Bernard Hagelsteen, préfet de Loire Atlantique du 20 juin 2007 au 1er juillet 2009, a mené une concertation qui a conduit à publier la Déclaration d’Utilité Publique du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes par décret du  9 février 2008. De plus, il a préparé le dossier d’appel d’offres : création d’une commission consultative d’analyse des offres par décret du 9 mars 2009… Quatre candidats ont été admis à présenter une offre le 18 mars 2009; la décision d’attribution à Vinci étant prise en 2010. (Je le cite)

C’est donc lui, qui en tant que représentant de l’Etat, était responsable de l’étude Coûts- Bénéfices qui a permis de valider cette DUP. Etude qui comporte des erreurs, mises en évidence par l’étude Ce-Delf, erreurs si grossières qu’elles ne peuvent qu’être intentionnelles.
Après un passage à la cour des comptes, Bernard Hagelsteen était embauché en avril 2011 par Vinci-Autoroutes, où il est aujourd’hui conseiller du président.

Je vous propose ainsi de désigner par « effet Hagelsteen » un acte incompréhensible à une date donnée, mais qui trouve son explication deux ans plus tard.

Avec cette notion d’ « effet Hagelsteen  », des perspectives infinies de compréhension de la vie publique s’ouvrent à nous, mais il faut un peu de patience.

Par exemple : comment expliquer que l’actuel préfet Christian Galliard de Lavernée envoie les gardes mobiles détruire les constructions à Notre Dame des Landes un vendredi ?
Il n’a quand même pas cru ses communications sur les 13500 manifestants du samedi 17 novembre !
Il n’a quand même pas oublié les centaines de tracteurs !
Il a forcément pensé que sur 40000 manifestants, il y en aurait quelques milliers à revenir le vendredi et à rester le samedi et le dimanche !

Il était évident qu’en gazant tous ces résistants dans les bois, le message serait : « ce gouvernement tape sur le peuple quand il donne son avis ! Ce gouvernement tape sur sa jeunesse ! »
Il était évident que cette action mettrait le premier ministre dans un grand embarras, ce qui par définition est assez suicidaire pour un préfet.

Et bien, Mr de Lavernée l’a fait, et il est toujours en poste.

Moi, je vous dis qu’il y a là un « effet Hagelsteen ».

Rendez vous dans deux ans pour comprendre.

                                                                  De Marcel, paysan à NDL

dimanche 2 décembre 2012

Le quatrième âge bientôt sur les barricades?

Maman a 91 ans bientôt. Hier samedi, je suis en retard à la Maison de retraite de Champfleury. Dans 10 mn la messe commence. Je décide donc d'accompagner Maman à la messe, ça va me rappeler quelques souvenirs.
Ils sont bien 40 ou 50, la moitié en fauteuil roulant, à venir comme toutes les semaines partager ce temps qui donne du sens à leur existence.
J'ai tendance à m'endormir quand soudain le prêtre s'emballe un peu. Il entame son homélie, très enjoué mais grave, la voix forte :
"Au niveau mondial pouvons-nous rester sans rien faire contre le gaspillage énergétique face au changement climatique ? Plus près de nous devons-nous encore construire un aéroport ...?"
Je sursaute, tends le bras et lève le pouce en criant silencieusement : "Bravo !!!".

Après la messe je taquine le prêtre :"Alors comme ça vous faites de la politique ?". Il se défend : "Je n'ai pas pris position, je pose la question, parce que je ne connais pas les chiffres, je me demande juste si c'est bien utile, est-ce que l'aéroport actuel pose problème ? je ne sais pas, mais ça mérite d'y réfléchir !"

En plus des résidents, je vois bien 15 ou 20 personnes accompagnantes qui ont entendu le prêtre, référence morale pour elles, et je me dis comme souvent : "L'abandon du projet est inéluctable, nul ne peut plus inverser ce mouvement. La condition de la réalisation du projet d'aéroport c'était l'indifférence et la résignation de la population, et maintenant la population sait, ou s'interroge, ou doute".

Merci Monsieur le Curé !

de Jacques, paysan

samedi 1 décembre 2012

Hasard vraiment?

Dans le domaine des heureux hasards, rappelons-nous l’affaire du vigile agressé à la pointe. La date était parfaite pour laisser le temps de communiquer sur la violence des opposants avant la manifestation du 17 novembre. Un timing parfait pour les porteurs du projet.
Depuis aucune nouvelle de ce dossier, alors que selon la presse, c’est une agression d’un groupe sur une personne seule. Un agriculteur pour avoir lancé deux bouteilles de bière sur les CRS a lui été condamné aussitôt.

Nouvel événement, dans la nuit du mercredi 28 novembre au lieu dit le rosier, un bâtiment contenant 200 à 300 round ballers de foin et de paille brûle.

Pour nous, agriculteurs, un hangar de foin qui brûle, c’est très grave. C’est le fruit de notre travail qui s’en va. C’est l‘inquiétude pour l’alimentation des animaux et c’est surtout l’insécurité. Pourquoi pas un autre bâtiment demain ? Nous n’avons pas de solution face à ce risque.

La maison du rosier était squattée depuis 5 ans. Les occupants ont été dégagés le fameux vendredi 23 novembre et la maison détruite le soir même, mais pas les bâtiments attenants.

Lundi et mardi, la police était très présente pour sécuriser l’évacuation des gravas.
Quel hasard… dans la nuit après le départ de la police, le reste brûle.
L’éleveur devait enlever son foin le mercredi après midi.

Bizarre, Benoit, un agriculteur militant qui circulait sur le chemin dit de suez, à côté, a vu les gendarmes circuler à pied autour du stock de foin.

Bizarre, bizarre, Jérôme, qui dormait chez un voisin du site a entendu du bruit dans la nuit. Il s’est levé et est allé voir, a pris des photos, donc son flash s’est allumé.
Alors, il a vu se pointer vers lui des lampes très puissantes comme en utilisent les gendarmes la nuit. Poursuivi, suivi de près par la lumière, il s’est caché dans les bois.

En fait, ce sont les jeunes des cabanes de la Châtaigne qui ont appelé les pompiers.

Aujourd’hui, jeudi, pas de communiqué des autorités sur la violence dans le secteur, juste un mot neutre dans Ouest France.

Ah bon, ce serait donc juste un accident ?

Mercredi matin, je passe devant la route du rosier après avoir vu mes bœufs à Vigneux. De la route sort un car de gardes mobiles, et je croise une voiture banalisée, logo ACIPA à l’arrière, chauffeur banalisé en ZADiste, cheveux, barbe et tout. En voyant mon gros logo sur la voiture, il sursaute et me salue poing levé et accélère aussitôt.
Le car de police que je suis, ralentit, le temps de vérifier que tout se passe bien.

Hasard encore, il était prévu de récupérer ces bâtiments du rosier après le départ du foin.

Dernier hasard, Jacques, agriculteur retraité a pris mardi en stop un type qui dit aller à la Grée. Jacques lui demande son nom puisqu’il connait les gens de la Grée. Eh bien, le type a finalement décidé de descendre avant la Grée sans explications.

Enfin, dernier élément surprenant, lors de la manifestation des 8000 personnes à Nantes, ils ont eu accès aux marches de la préfecture, puis évidemment aux canons à eau.
Lorsque Françoise Verchère, reçue avec d’autres élus par le préfet Christian Galliard de Lavernée, lui a demandé pourquoi exceptionnellement il n’y avait pas de barrières pour protéger la préfecture, elle s’est vue répondre : « Madame, l’entretien est terminé »

Enfin, ajoutez à tout cela, les flics en civil qui arrêtent des militants sur les barricades…

Camarades, le temps des coups bas et des barbouzes est arrivé.

De Marcel , paysan à NDL